JEAN RÉDÉLÉ

Durant de la Première Guerre Mondiale, à la demande de Louis Renault, le jeune Emile Rédélé (père de Jean) s’installe à Dieppe et y ouvre la concession Renault, rue Thiers. Il épouse Madeleine Prieur. C’est le 17 mai 1922 que naît Jean-Emile-Amédée Rédélé. Ses deux autres frères Pierre et Claude arriveront respectivement en 1924 et 1931.

La famille est, en réalité, plus importante car Emile Rédélé a recueilli la famille de son épouse et, désormais, la fratrie des cousins Jacques et Roger Prieur est quasi indissociable de celle des trois frères Rédélé.

Après ses études en Normandie, Jean Rédélé passe son Bac pendant la Seconde Guerre Mondiale. Sa carrière s’oriente vers un poste de Sous-préfet avant de se réorienter vers une grande école de commerce, HEC à Paris. Une double compétence économico/sociale où il sortira diplômé en 1946.

Dans le cadre de ses études, il enverra son rapport de stage à la Direction Générale de Renault. Jean Rédélé avec ses idées très précises dans le domaine marketing et commercial réussira à convaincre la Direction à Boulogne-Billancourt où il sera convoqué par Pierre Dreyfus actuel PDG de Renault. Coups de pouce de sa part, il sera nommé Concessionnaire officiel à Dieppe en succession à son père. Jean Rédélé devient à vingt-quatre ans, le plus jeune concessionnaire automobile de France.

Tout commence par la compétition

Jean Rédélé se lance dans la compétition automobile dès 1950, estimant que « la course est le meilleur banc d’essai pour les modèles de série et que la victoire est le meilleur argument de vente ». C’est naturellement la toute nouvelle 4 CV Renault qu’il choisit comme moyen promotionnel.

“La course est le meilleur banc d’essai pour les modèles de série et que la victoire est le meilleur argument de vente”

Dès janvier 1950, Jean Rédélé engage sa 4 CV personnelle au XXème Rallye Monte Carlo. Il est copiloté par Marcel Delforge, le chef d’atelier de la concession dieppoise mais la neige les retarde et ils arrivent hors délai. Le 24 juillet, il s’engage dans sa seconde compétition. Symboliquement le challenge est élevé puisqu’il s’agit du « 1er Rallye de Dieppe ». Sur ses terres et face à quarante autres concurrents, il impose sa 4 CV à la première place devant les 203 Peugeot et autres Salmson plus puissantes.

Cette victoire est saluée par la Presse et la Régie Renault qui lui propose, dès 1951, de courir le XXIème Rallye Monte-Carlo sur une “1063”, la version “spéciale course” de la 4 CV. Il termine quatrième de classe, puis second au 2ème du Rallye de Dieppe. Sa carrière de pilote est lancée. Premier au 1er Rallye de Dax, cinquième au Rallye du Dauphiné, troisième au terrifiant Marathon de la Route qui se déroule entre Liège, Rome et Liège, troisième encore au Tour de France Automobile, il termine sa saison en remportant le Tour de Belgique.

Après avoir analysé le comportement de la 4 CV, Jean Rédélé estime qu’elle serait imbattable si la caisse était plus légère et mieux profilée. Il se rend donc en Italie pour rencontrer le styliste Giovanni Michelotti et lui passe commande d’une « 4 CV Spéciale Sport » qui sera réalisée par la
carrosserie Allemano. En attendant que l’auto soit livrée, il s’engage sur la « 4 CV 1063 » dans trois épreuves majeures du calendrier sportif international.

Il fait désormais équipe avec son ami Louis Pons, concessionnaire Renault à Paris et Etampes, ville dont il est le maire adjoint. Les deux hommes décident de financer le développement et la commercialisation d’une boite de vitesses à cinq rapports, créée par André-Georges Claude et qui s’avère être très efficace.

Ensemble, ils participent aux très exigeantes “Mille Miglia”, une course de mille cinq cents kilomètres disputée sur route ouverte, en continu, entre Brescia, Rome et Brescia, en Italie. Ils gagnent leur catégorie en battant tous les records, laissant leurs poursuivants à plus d’une heure derrière eux à l’arrivée.

Engagé officiellement par Renault aux 24 Heures du Mans 1952, Rédélé sur sa 4 CV est en tête de catégorie le dimanche à treize heures soit deux heures avant l’arrivée quand il doit abandonner. Il prend sa revanche au Tour de France Automobile où il termine troisième au classement général, un exploit compte tenu de la relative modestie de sa voiture.

En 1953, Rédélé et Pons gagnent leur classe aux “Mille Miglia”, toujours sur 4 CV 1063 mais Jean Rédélé piaffe d’impatience de piloter la “Renault Spéciale” commandée en Italie.

Rallye de Dieppe Berlinette de Jean Rédélé | JEAN RÉDÉLÉ (1922 - 2007)
JEAN RÉDÉLÉ (1922 - 2007) 21

Symboliquement, il attend le 4ème Rallye de Dieppe pour l’engager. Dès sa première sortie, Rédélé gagne le classement général avec sa “Renault Spéciale”. Il devance deux Jaguar et une Porsche. Le Dieppois double la mise sur le circuit de Rouen lors du meeting de vitesse. En juillet, pour sa troisième sortie, la “Renault Spéciale” de Jean Rédélé s’impose à la Coupe de Lisbonne au Portugal.

Pour conclure l’année en beauté, Rédélé et Pons font le Tour de France Automobile et terminent troisièmes au classement général derrière deux Alfa-Roméo. L’année 1952 est triomphale pour le jeune concessionnaire. En fin d’année, Jean Rédélé épouse Michelle Escoffier dont le père est l’un des plus importants concessionnaires Renault avec notamment le Grand Garage de la Place de Clichy, situé rue Forest, vaisseau amiral de Charles Escoffier.

“C’est en sillonnant les Alpes à bord de ma 4 CV Renault que je me suis le plus amusé. J’ai donc décidé d’appeler mes futures voitures “Alpine”. Il fallait que mes clients retrouvent ce plaisir de conduire au volant de la voiture que je voulais construire.”

En 1954, Rédélé et Pons s’imposent aux “Mille Miglia” qui deviennent leur épreuve fétiche, puis au Critérium des Alpes. « C’est en sillonnant les Alpes à bord de ma 4 CV Renault que je me suis le plus amusé. J’ai donc décidé d’appeler mes futures voitures “Alpine”. Il fallait que mes clients retrouvent ce plaisir de conduire au volant de la voiture que je voulais construire » rapportait Jean Rédélé. Ils complètent leur saison par la victoire au Liège-Rome-Liège, comme l’an passé, et une seconde place au Tour de France comme l’an passé également.

À l’issue d’une saison 1954 aussi prodigieuse que celle de 1953, Jean Rédélé est désormais considéré comme un grand pilote, compliment qui lui va droit au coeur même si, dans son for intérieur, il sait qu’il va bientôt devoir choisir entre piloter ses autos ou piloter son entreprise.

Charles Escoffier a, en effet, commandité une série de “Coach” A106 alors que Jean Rédélé va recevoir sa “Rédélé Spéciale”, seconde voiture produite expressément pour lui en Italie. Ne pouvant développer seul celle-ci, il la cède à son ami Jean Claude Galtier, autre jeune concessionnaire Renault, basé à Grenoble, et court, lui, avec le coach.

L’un et l’autre brillent : Galtier gagne les “Mille Miglia” sur “Rédélé Spéciale” alors que Rédélé termine second sur son “Coach” ! Ce doublé décide Jean Rédélé à créer sa marque : elle s’appellera “Alpine” et sera basée à la fois à Paris, rue Forest et à Dieppe, avenue Pasteur.

Jean Rédélé a vite perçu le potentiel d’une marque automobile, qu’il veut construire sur des principes de base simples : une auto d’une conception innovante, équipée d’une mécanique simple mais compétitive, sous une carrosserie légère et attrayante, en utilisant un maximum de pièces de série pour pouvoir obtenir un prix de revient et un coût d’entretien faibles eu égard aux performances. Le second principe développé par Jean Rédélé est de “booster” son activité nationale par la cession de licences à l’international.

Les “Renault Spéciale” et “Rédélé Spéciale” sont construites sur une plateforme de 4 CV avec une carrosserie en polyester et quelques aménagements à tendance sportive. Jean Rédélé va immédiatement chercher à les faire produire à l’étranger et la première tentative sera américaine.

“Une auto française pour faire briller les couleurs tricolores sur les routes et dans les compétitions”

Lancée sous le nom de “Le Marquis”, elle est exposée au Salon de l’Automobile de New-York 1954 mais l’affaire n’ira pas plus loin. En parallèle, le coach financé par son beau père Charles Escoffier devient la première Alpine diffusée par le gendre, Jean Rédélé.

1955, la SAA est fondée

La SARL “Société des Automobiles Alpine” est créée le 25 juin 1955 et, début juillet, Jean Rédélé présente lui-même trois coachs A106 (A comme Alpine et 106 par référence à la mécanique 1062 des 4 CV, qui lui sert de banque d’organes). Le premier est bleu, le second est blanc, le troisième est rouge. Tout est dit. « Une auto française pour faire briller les couleurs tricolores sur les routes et dans les compétitions ». Pierre Dreyfus, le PDG et Fernand Picard, le Directeur des Etudes et Recherches de la Régie sont convaincus.

Le 6 octobre 1955, Jean Rédélé lance officiellement sa marque et ses voitures à l’occasion du 42ème Salon de l’Automobile de Paris.

Le mythe Alpine est lancé…

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